22 septembre, une exigence de rétrospective

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En 1960 le Mali, à l’instar de nombreux autres pays victimes de la colonisation, accédait à son indépendance à l’issue de nombreuses années de lutte et de sacrifices. C’était un 22 septembre. Cette date est donc une fête pour tous les maliens car elle marque une étape importante dans notre lutte pour la liberté. Cette lutte qui commença longtemps avant 1960 ne s’arrête point à cette date tant le combat pour une indépendance effective est longue et pénible.  

Nous devons la fêter car savourer les victoires intermédiaires fait partie intégrante d’un combat qui s’inscrit dans la durée. Cela contribue également à montrer aux jeunes générations et au monde entier notre attachement à cette indépendance acquise dans la douleur et au prix de la vie des nôtres. Cependant la commémoration ne devrait aucunement se limiter aux dimensions festive et militaire au risque de la vider de son sens. Pire elle serait même dangereuse en entretenant une illusion d’indépendance. Une illustration parfaite de cela nous a été offerte par nos autorités à l’occasion du cinquantenaire du Mali en 2010. Le tintamarre financé à coups de milliards de nos francs était impressionnant. Hélas le réveil le fut tout autant lorsque deux ans plus tard, en 2012, notre armée dût affronter une coalition criminelle formée de bandits armés et d’islamistes. Sans l’intervention de la communauté internationale notre pays entier serait probablement entre les mains de ces barbares. Cette intervention bien qu’elle ait été salutaire a malheureusement créé des conditions de nature à diminuer notre souveraineté.

Cinquante huit longues années après le 22 septembre 1960 force est de constater que nous avons échoué à réaliser le rêve des pères de notre indépendance. Et notre destin nous échappera complètement si nous devons passer les années à venir comme nous avons passé les cinquante dernières années. Afin d’éviter une telle éventualité une rétrospective s’impose. Nous devons nous poser des questions sur la période écoulée et tenter d’y apporter des réponses.

Qu’avons-nous accompli depuis notre accession à l’indépendance ?

Avons-nous commis des erreurs ? Si oui lesquelles ? Avons-nous renforcé notre indépendance depuis 1960 ? Comment pourrons-nous mieux faire demain ?

Sommes-nous mieux formés, nourris ou en meilleure santé ? Offrons-nous de meilleures perspectives aux futures générations ?

Cette exigence de rétrospective fait défaut aujourd’hui, éclipsée par le folklore des festivités, des défilés militaires et des discours politiques policés à outrance.

L’autre manquement de cette commémoration est le peu de place faite à l’enseignement de l’histoire de l’accession à l’indépendance et aux acteurs ayant mené ce combat.

Espérons que ces points seront mieux pris en compte pour les années à venir.

Bonne fête de l’indépendance à tous.

Vive le Mali.

 

A propos de l'auteur

Nouhoum Traoré

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